Guide pratique sur les Benefits in Kind (BIK) au Royaume-Uni

Nov 6, 2025

Qu’est-ce que les “Benefits in Kind” (BIK) ?

Les Benefits in Kind (BIK), ou avantages en nature, désignent les avantages non monétaires qu’une entreprise offre à ses employés (voitures de fonction, assurance santé privée, prêts sans intérêt, etc.) en complément du salaire. Contrairement aux dépenses strictement professionnelles, ces avantages procurent un bénéfice personnel à l’employé et sont généralement imposables au même titre qu’un revenu. L’employeur a donc l’obligation de les déclarer à l’administration fiscale britannique (HMRC) et de payer les cotisations sociales correspondantes.

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Comment sont-ils taxés ? Les BIK imposables sont ajoutés au revenu imposable de l’employé. L’employé paie de l’impôt sur la valeur de l’avantage au taux de sa tranche d’imposition (20%, 40%…) et l’employeur doit payer des cotisations de Class 1A National Insurance (cotisations sociales patronales) sur la valeur de ces avantages (taux de 15% pour l’année fiscale 2025/26). Par exemple, un avantage en nature valorisé à £1 000 coûte £200 d’impôt à un salarié imposé à 20%, et environ £150 de cotisations sociales à l’employeur.

Seuils d’exonération. Certains petits avantages peuvent être exonérés d’impôt sous conditions. C’est le cas des “trivial benefits”, c’est-à-dire les cadeaux ou avantages de faible valeur (≤ £50) offerts de façon occasionnelle et sans lien contractuel avec le travail : ils ne sont pas imposables ni à déclarer. De même, un prêt à taux zéro ou réduit consenti à un employé n’entraîne pas d’imposition tant que le total des prêts en cours ne dépasse pas £10 000 à aucun moment de l’année fiscale. Au-delà de ce seuil, l’avantage correspondant aux intérêts économisés est taxable.

Obligations déclaratives de l’entreprise. L’employeur doit informer le fisc des BIK octroyés, soit en les intégrant dans la paie (système de “payrolling”), soit via une déclaration annuelle dédiée (formulaire P11D) pour chaque employé concerné. Historiquement, la plupart des entreprises remplissaient des formulaires P11D après la fin de l’année fiscale – ceux-ci doivent être soumis à HMRC au plus tard le 6 juillet suivant la fin de l’année fiscale concernée. L’employeur doit également remettre une copie du P11D à l’employé et transmettre un formulaire P11D(b) récapitulatif, qui sert de déclaration pour les cotisations Class 1A dues. Les cotisations sur avantages (Class 1A NIC) doivent être payées avant le 19 juillet suivant la fin de l’année fiscale. À noter qu’à partir d’avril 2027, le gouvernement rendra obligatoire la déclaration des avantages en temps réel via la paie (fin des formulaires P11D dans la plupart des cas). Seuls certains avantages complexes (logement, prêts) pourront temporairement continuer à être déclarés via P11D ; tous les autres devront être imposés via le payroll chaque mois, ce qui impliquera d’adapter les logiciels de paie et d’anticiper d’éventuels effets de trésorerie pour l’employeur et les employés.

Principaux types d’avantages en nature imposables

De nombreuses prestations peuvent constituer des BIK. Voici les plus courantes et leur régime fiscal :

  • Voiture de fonction : Un véhicule mis à disposition de l’employé, qui est aussi utilisable à des fins personnelles (y compris trajets domicile-travail). C’est un avantage très apprécié, mais souvent fortement taxé selon le prix du véhicule et ses émissions de CO₂. Le calcul et la fiscalité des voitures de fonction font l’objet d’un focus détaillé dans la section suivante.
  • Logement de fonction : Un logement fourni ou financé par l’employeur (maison, appartement, etc.) constitue un BIK. En général, il est évalué sur la base du loyer annuel de marché du logement. Si le coût d’acquisition du bien dépasse un certain montant (par ex. £75 000), un supplément d’impôt s’applique sur la valeur excédentaire, selon un calcul défini par la loi. Dans certains cas, lorsqu’un emploi exige que le salarié réside sur place pour exercer correctement ses fonctions (par exemple un concierge, un gardien ou un employé devant être disponible 24h/24), le logement de fonction peut être exonéré d’impôt, à condition que cette exigence soit jugée nécessaire et inhérente au poste par HMRC.
  • Prêt à taux zéro ou taux réduit : L’employeur peut accorder des avances de salaire ou prêts (pour acheter une voiture, un logement, etc.). Si l’ensemble des prêts d’un employé dépasse £10 000 sur l’année fiscale et que le taux d’intérêt appliqué est inférieur au taux officiel HMRC (par ex. 2,25% en 2024/25), l’économie d’intérêt est considérée comme un avantage imposable. La valeur taxable correspond aux intérêts “perdus” par le fisc (différence entre l’intérêt au taux officiel et l’intérêt payé par l’employé le cas échéant). En deçà de £10 000, le prêt est considéré comme de minimis et n’a pas besoin d’être déclaré.
  • Assurance santé privée : De nombreuses entreprises offrent une couverture médicale privée à leurs salariés. Les primes payées par l’employeur sont un avantage taxable pour l’employé, à déclarer chaque année. En pratique, la valeur imposable correspond au coût de la prime d’assurance payé par l’employeur pour le salarié (et sa famille le cas échéant).
  • Abonnements, adhésions et frais personnels : Si l’employeur prend en charge des dépenses personnelles de l’employé, celles-ci constituent généralement un BIK. Par exemple, l’adhésion à un club de sport, une salle de gym ou un club privé prise en charge par l’entreprise est imposable sur le montant de la cotisation. De même, le paiement par l’employeur de l’abonnement téléphonique personnel, de la facture d’électricité du domicile, ou encore d’un forfait de transport sera considéré comme un revenu imposable. (Exception : l’abonnement à certains organismes professionnels directement liés à l’emploi peut être exempté d’impôt s’ils figurent sur la liste approuvée par HMRC).
  • Biens et services fournis à l’employé : Si l’entreprise prête ou donne du matériel à un employé pour un usage personnel, il y a avantage en nature. Par exemple, l’usage d’un véhicule ou d’un équipement de l’entreprise en dehors du travail, ou le prêt d’un ordinateur/outil à des fins privées, doit être évalué. En règle générale, la valeur imposable correspond à un pourcentage du coût du bien (par exemple 20% de sa valeur marchande par an) ou au coût de location du même bien sur la période d’utilisation, diminué de toute contribution éventuelle de l’employé.

Avantages non imposables (exonérations courantes). À l’inverse, certains avantages liés aux conditions de travail ou au bien-être peuvent être exonérés d’impôt, sous réserve de respecter les critères HMRC. Par exemple : la mise à disposition d’un téléphone mobile professionnel (un seul par employé) est exonérée d’impôt si le contrat est au nom de l’employeur. La participation de l’employeur à un programme de vélo de fonction (Cycle to Work) ou à une crèche d’entreprise est également non taxable dans le cadre des régimes prévus par la loi. De même, les repas subventionnés à la cantine d’entreprise, ou encore la prise en charge d’un événement annuel dans la limite de £150 par personne, peuvent être offerts sans impôt. Il est important de se référer aux directives HMRC pour s’assurer qu’un avantage remplit bien les conditions d’exonération, faute de quoi il doit être traité comme imposable.

Focus : les voitures de fonction et leur fiscalité BIK

Les voitures de société occupent une place particulière dans le régime des BIK en raison de leur popularité et de la complexité de leur calcul fiscal. Le Royaume-Uni dispose d’un régime spécifique de “Company Car Tax” qui détermine la valeur imposable de la mise à disposition d’un véhicule. Cette section détaille les règles de calcul, les taux en vigueur, les évolutions prévues jusqu’en 2028, ainsi que les cas particuliers (carburant, pool cars, etc.), accompagnés de conseils pratiques. Il est important de noter que l’avantage en nature ne dépend pas de la proportion d’usage professionnel ou personnel. Dès qu’un véhicule est mis à disposition avec la possibilité d’un usage personnel, même occasionnel, un Benefit in Kind (BIK) s’applique. Le calcul s’effectue alors selon les règles HMRC suivantes :

Calcul de l’avantage taxable d’un véhicule de fonction

La valeur imposable (“cash equivalent”) d’une voiture de fonction mise à disposition pour usage privé se calcule en deux étapes principales :

  1. Détermination du prix du véhicule (P11D value) : Il s’agit du prix catalogue du véhicule neuf toutes taxes comprises, incluant les options et accessoires ajoutés (même après l’achat). En pratique, on utilise la “list price” du véhicule neuf, incluant la TVA et les frais de livraison, à laquelle on ajoute la valeur des accessoires optionnels. Si l’employé a contribué financièrement à l’achat du véhicule ou de certains accessoires, sa contribution vient réduire le prix à concurrence de £5 000 maximum. (Toute somme versée au-delà de £5 000 est ignorée dans le calcul : on ne peut pas réduire la valeur taxable de plus de £5 000 au titre d’une contribution initiale de l’employé).
  2. Application d’un taux (%) en fonction des émissions du véhicule : On multiplie le prix du véhicule (après éventuelles déductions ci-dessus) par le taux d’émission CO₂ applicable, appelé taux de BIK. Ce pourcentage est fixé par HMRC chaque année fiscale en fonction du niveau de CO₂ (en g/km) du véhicule et de son type de carburant. En d’autres termes, plus le véhicule émet de CO₂, plus le pourcentage appliqué sera élevé, donc plus la valeur imposable sera grande. Les véhicules électriques ou très faibles émissions bénéficient de pourcentages réduits pour encourager leur usage, tandis que les véhicules thermiques à fortes émissions atteignent le pourcentage maximal. Par exemple, pour l’année fiscale 2025/26, ce pourcentage varie de 3% (voiture électrique 0 g/km) à environ 37% (voiture essence/diesel très polluante) – voir le site du HMRC pour les détails.

Le résultat de cette multiplication (prix × pourcentage) donne le montant annuel de l’avantage à déclarer. Ce montant est ensuite proportionné au temps d’utilisation si la voiture n’a été disponible qu’une partie de l’année (par exemple, si le salarié a reçu la voiture en cours d’année ou l’a restituée avant le 5 avril). De même, en cas de changement de véhicule en cours d’année, chaque voiture est calculée séparément au prorata du temps d’utilisation.

Enfin, on peut déduire de cet avantage d’éventuelles redevances d’utilisation privée payées par l’employé. En effet, si l’employé est tenu contractuellement de payer un montant pour avoir le droit d’utiliser la voiture à titre privé (par ex. un prélèvement mensuel, distinct des frais d’essence), ces paiements viennent réduire la valeur imposable : ils sont soustraits de l’avantage calculé, pouvant même l’annuler le cas échéant. Pour être pris en compte, ces paiements doivent être explicitement exigés pour l’usage privé et réglés avant la fin de l’année fiscale concernée.

Il est à noter que les véhicules électriques bénéficient d’un taux extrêmement avantageux (seulement 3% en 2025/26) comparé aux véhicules thermiques classiques qui peuvent facilement dépasser 30%. Les hybrides rechargeables (PHEV) voient leur taux dépendre de l’autonomie électrique : plus ils peuvent rouler loin sans carburant fossile, plus leur taux se rapproche de celui des électriques (3 à 5%). À l’inverse, un hybride à faible autonomie électrique (<30 miles) sera taxé presque autant qu’une voiture essence/diesel équivalente (15% ou plus). Enfin, les voitures essence et diesel sont taxées sur une échelle graduelle allant d’environ 15% (pour les modèles émettant ~50 g/km, très rares en pratique) jusqu’à un plafond historiquement fixé à 37% pour les véhicules les plus polluants. En outre une surtaxe de 4 points s’applique aux diesels qui ne satisfont pas la norme antipollution RDE2, sans pour autant dépasser le plafond.

Évolutions des taux BIK des voitures jusqu’en 2028

Le barème des taux BIK automobiles est fixé plusieurs années à l’avance par le gouvernement, afin de permettre aux employeurs et employés de planifier leurs choix de véhicules. Les taux en vigueur jusqu’à l’année fiscale 2027/28 ont été officialisés dans la Finance Act 2023 suite à l’Autumn Statement 2022. Ces dispositions maintiennent une fiscalité très avantageuse pour les voitures électriques sur la seconde moitié des années 2020, tout en augmentant progressivement la taxation des hybrides et des véhicules thermiques :

  • Véhicules électriques (0 g/km) – Le taux BIK, qui était de 2% en 2024/25, augmentera d’1 point par an pour atteindre 5% en 2027/28. Le gouvernement a annoncé qu’afin de conserver un écart significatif en faveur des véhicules zéro émission, les taux resteront modestes : pour 2028/29 et 2029/30, une hausse supplémentaire de +2 points par an est prévue, portant le taux à 7% puis 9%. Même à cet horizon, une voiture électrique restera bien moins taxée qu’une voiture essence équivalente, ce qui reflète l’objectif écologique d’encourager leur adoption.
  • Hybrides rechargeables (1–50 g/km) – Jusqu’en 2027/28, ces véhicules conservent un avantage si leur autonomie électrique est élevée, mais le gouvernement a décidé de resserrer le régime dès 2028. À partir de l’année fiscale 2028/29, tous les hybrides rechargeables seront alignés sur un taux unique de 18% (puis 19% en 2029/30), quel que soit leur rayon d’action en électrique. Concrètement, cela signifie qu’un PHEV qui était taxé à 5% en 2027/28 (autonomie >130 miles) bondira à 18% l’année suivante, et qu’ainsi les hybrides perdront en grande partie leur avantage fiscal relatif. Cette mesure vise à orienter davantage les incitations vers les véhicules 100% électriques en réduisant le traitement de faveur dont bénéficiaient certains hybrides.
  • Véhicules thermiques (>50 g/km) – Pour les voitures essence ou diesel classiques, le barème actuel s’étend de 15% à 37%. Ce plafond de 37% sera maintenu jusqu’en 2027/28, puis légèrement relevé par étapes. À compter de 2028/29, l’ensemble des taux pour les tranches de CO₂ >50 g augmenteront de +1 point (portant le maximum à 38%), puis à nouveau +1 point en 2029/30 (maximum 39%). En pratique, chaque véhicule thermique verra son pourcentage progresser (ex : une voiture à 120 g/km passera d’environ 30% en 2027/28 à ~32% en 2029/30). Les diesels non-RDE2 conserveront la surtaxe de 4%, ce qui pourrait théoriquement amener le taux maximum absolu à 43% en 2029/30, bien qu’il soit probable qu’un nouveau plafond global soit précisé pour ces cas.

Ces évolutions législatives, confirmées par la loi de finances 2024-25, donnent de la visibilité aux entreprises pour leurs politiques de flotte. En résumé, d’ici 2028 les voitures électriques resteront très avantagées fiscalement, les hybrides rechargeables perdront progressivement leur statut intermédiaire, et les véhicules thermiques verront leur fiscalité alourdie modérément. Il est donc judicieux, pour un employeur, d’anticiper ces changements dans le choix d’attribution de véhicules de fonction sur les prochaines années.

Cas particuliers : carburant, “pool cars” et vans

Carburant (Fuel Benefit): Lorsque l’employeur prend en charge le carburant utilisé par l’employé pour ses déplacements personnels (c’est fréquent pour les voitures de fonction avec carte carburant illimitée), un avantage en nature distinct – le “fuel benefit” – s’ajoute. Cet avantage est forfaitaire : il ne dépend pas du volume de carburant réellement consommé, mais est calculé en appliquant le même taux BIK que la voiture sur un montant fixe annuel fixé par HMRC. En 2025/26, ce montant forfaitaire est de £28 200. Par exemple, pour une voiture essence de fonction avec un taux BIK de 30%, le fuel benefit annuel imposable s’élèvera à 30% de £28 200 = £8 460. Ce montant sera soumis à l’impôt sur le revenu pour l’employé et à la Class 1A NIC pour l’employeur, de la même façon que l’avantage “voiture” lui-même.

Attention : le fuel benefit est un avantage “tout ou rien” – il s’applique dans sa totalité dès que du carburant est fourni pour un usage privé, même si l’employé n’a fait que quelques kilomètres personnels. Il n’existe pas de proratisation en fonction de l’usage réel. Il est donc souvent désavantageux d’offrir le carburant gratuit à un employé qui n’effectue que de courts trajets privés, car l’impôt à payer sur le forfait peut dépasser le coût du carburant utilisé. Une solution courante consiste à demander à l’employé de rembourser tout le carburant privé à l’entreprise (par exemple via un relevé de kilométrage personnel) – ainsi, aucun avantage taxable ne sera à déclarer pour le carburant. Par ailleurs, pour les véhicules électriques, la notion de fuel benefit s’applique différemment : l’électricité n’est pas considérée comme un “carburant” aux fins des BIK. Depuis 2018, la fourniture d’électricité par l’employeur pour recharger un véhicule électrique de société est exonérée d’impôt, tant que la recharge est effectuée sur le lieu de travail et mise à disposition de tous les employés.

 “Pool cars” – voitures partagées: Le fisc britannique prévoit une exemption totale de BIK pour les véhicules d’entreprise strictement réservés à un usage professionnel et mis en pool (partagés) entre plusieurs employés. On parle de “pool car” lorsqu’une voiture répond à toutes ces conditions cumulatives :

  • Usage par plusieurs employés : le véhicule est disponible pour au moins deux employés et effectivement utilisé par plusieurs d’entre eux au fil du temps.
  • Mise à disposition pour les besoins de l’entreprise : le véhicule est fourni aux employés uniquement en raison de leur travail, pour accomplir des déplacements professionnels.
  • Pas d’utilisateur exclusif : le véhicule n’est pas affecté de façon permanente à un employé en particulier, et aucun employé ne l’utilise de manière ordinaire à son usage exclusif.
  • Usage privé uniquement “incident” : le véhicule ne doit pas être utilisé pour des trajets privés, sauf de façon tout à fait accessoire, c’est-à-dire en lien direct avec un déplacement professionnel. Par exemple, HMRC cite le cas d’un employé prenant la voiture partagée chez lui la veille d’un déplacement professionnel très matinal : le trajet domicile est toléré s’il reste occasionnel et dans le seul but de faciliter le voyage pro le lendemain. En dehors de ce type de scénarios limités, aucune utilisation personnelle régulière (courses le week-end, vacances, etc.) n’est permise.
  • Pas gardé la nuit au domicile : le véhicule n’est normalement pas stationné la nuit chez un employé. Il doit en principe être garé sur le site de l’employeur ou un parking de l’entreprise lorsque personne ne l’utilise. Des exceptions ponctuelles sont admises (comme dans l’exemple ci-dessus ou en l’absence de parking disponible sur site), mais si la voiture rentre systématiquement au domicile d’un salarié, le statut de pool car sera rejeté.

Si toutes ces conditions sont remplies, le véhicule est considéré hors du champ des BIK : aucun avantage taxable n’est à déclarer pour les employés qui l’utilisent. L’entreprise doit pouvoir démontrer le respect de ces critères (par ex. via un registre d’utilisation détaillant les utilisateurs, dates, motifs des déplacements, kilométrages, etc. pour prouver le caractère exclusivement professionnel). Dans le cas contraire, HMRC requalifiera le véhicule en voiture de fonction classique attribuée à un individu, avec imposition rétroactive à la clé.

Véhicules utilitaires (vans). Un mot sur les camionnettes et fourgonnettes de société : ils relèvent d’un régime spécifique. Si un van est utilisé exclusivement pour le travail (y compris trajets domicile-travail raisonnables), HMRC ne le considère pas comme un BIK imposable. Un “usage privé insignifiant” est admis (par ex. petit détour pour déjeuner). En revanche, un usage personnel plus large d’une fourgonnette déclenche un avantage forfaitaire (différent de celui des voitures, autour de £3 960 par an ces dernières années, plus ~£769 si carburant fourni) qui doit être déclaré. Ce régime des vans, toutefois, dépasse le cadre du présent article centré sur les voitures particulières.

Exemples pratiques de calcul de BIK pour les voitures

Pour illustrer concrètement la fiscalité des voitures de fonction, voici deux scénarios typiques :

Exemple 1 : Voiture essence moyenne gamme. Une entreprise met à disposition de Mme X une berline essence d’une valeur neuve (prix catalogue) de £30 000, émettant 120 g/km de CO₂. D’après le barème 2025/26, un modèle 120 g/km correspond à un taux BIK d’environ 30%. La valeur annuelle de l’avantage voiture est donc de 30% × £30 000 = £9 000. Si Mme X est imposée à 20%, elle paiera £1 800 d’impôt sur cet avantage (20% de £9 000), retenu via l’ajustement de son code d’imposition PAYE. Si elle est dans la tranche à 40%, l’impôt atteint £3 600. De son côté, l’employeur devra acquitter 15% de cotisations Class 1A sur £9 000, soit £1 350 de charges sociales patronales. Ce montant sera déclaré sur la P11D(b) de l’entreprise et payé avant le 19 juillet suivant. Imaginons en plus que l’employeur paie tout le carburant de Mme X (y compris pour ses trajets personnels) sans remboursement : cela génère un fuel benefit additionnel de £28 200 × 30% = £8 460, ce qui alourdit fortement la note fiscale (près de £1 692 d’impôt supplémentaire pour Mme X à 20%).
Exemple 2 : Voiture électrique haut de gamme. M. Y dispose d’une voiture électrique de fonction d’une valeur de £40 000 (0 g/km CO₂). Le taux BIK applicable n’est que de 3% en 2025/26. La valeur de l’avantage se monte à 3% × £40 000 = £1 200 par an. Même s’il est dans la tranche à 40% d’impôt sur le revenu, M. Y ne paiera que £480 d’impôt sur cet avantage (contre plus de £3 000 s’il avait une voiture essence de prix équivalent). L’employeur versera pour sa part £180 de Class 1A NIC. Cet exemple illustre l’attractivité fiscale des véhicules électriques : grâce à un taux BIK ultra-réduit, le “coût” fiscal réel pour le salarié est très faible par rapport à la mise à disposition d’un véhicule premium. De plus, si l’entreprise offre la recharge gratuite sur site, aucun fuel benefit ne s’applique, ce qui est un atout supplémentaire pour l’employé.

Conseils pratiques pour optimiser la fiscalité des voitures de fonction

1. Privilégier les véhicules les plus propres. Du point de vue tant de l’employeur que de l’employé, le choix du véhicule est déterminant. Plus la voiture a un taux de CO₂ bas, plus le taux de BIK est faible. Une voiture électrique ou un hybride rechargeable longue autonomie permet de minimiser l’avantage taxable (2–5% ces prochaines années, puis ~7% en 2028), là où une voiture diesel haut de gamme atteindra 37%. L’économie d’impôt et de charges sociales est très substantielle sur 3–4 ans. Il convient donc d’évaluer le coût total d’une voiture de fonction en incluant l’impôt du salarié et la NIC patronale : un modèle électrique, bien que plus cher à l’achat, sera souvent plus rentable net d’impôts.

2. Utiliser les schemes avantageux (salary sacrifice, etc.). Les employeurs peuvent mettre en place un programme de sacrifice salarial pour véhicules électriques. L’employé accepte de renoncer à une partie de son salaire brut en échange de la mise à disposition d’une voiture électrique par l’entreprise. Il paie alors uniquement le BIK sur la voiture (faible) au lieu de payer de l’impôt et NIC sur le salaire équivalent. Ce montage, encouragé par HMRC, permet des économies d’impôts et de cotisations pour les deux parties. Attention : depuis 2017, les salary sacrifice sur les voitures thermiques ne procurent plus d’avantage fiscal (on doit utiliser la valeur la plus élevée entre le salaire sacrifié et le BIK), mais les véhicules ULEV (≤75 g/km) échappent à cette règle et conservent tout leur intérêt. En résumé, un salary sacrifice pour une voiture électrique (ou hybride très sobre) peut réduire significativement le coût pour le salarié tout en offrant un avantage en nature attractif. 

3. Réfléchir à l’opportunité du fuel benefit. Comme expliqué, le fuel benefit est fiscalement pénalisant si l’usage privé est modeste. L’entreprise et l’employé ont tout intérêt à calculer le seuil de rentabilité : en 2025/26, si l’employé parcourt moins d’environ 10 000 miles privés par an, le coût en impôts du fuel benefit excède souvent le prix du carburant utilisé. La bonne pratique consiste, dans ces cas, à éviter de fournir le carburant gratuit. Par exemple, on peut mettre en place un remboursement mensuel des kilomètres personnels (au taux kilométrique officiel) : l’employé rembourse ainsi ce qu’il doit et aucun avantage n’est taxable. Alternativement, certains employeurs choisissent de ne pas payer le carburant privé du tout (carte carburant limitée aux dépenses professionnelles ou bornes de recharge paramétrées uniquement pour le travail). Bref, évitez le fuel benefit à tout prix si le salarié n’emploie pas massivement la voiture le week-end/vacances.

4. Profiter du régime des pool cars quand c’est possible. Si votre entreprise peut organiser un véhicule en partage entre plusieurs salariés (par ex. une voiture de pool pour les visites clients occasionnelles), faites-le : un pool car bien utilisé (conditions HMRC strictes remplies) permet une suppression totale de l’imposition BIK. Assurez-vous de mettre en place une politique d’utilisation écrite (qui peut inclure l’interdiction formelle d’usage privé, le stationnement sur site, etc.) et tenez un journal de bord précis. Cela demandera un peu de discipline administrative (réserver la voiture, consigner les trajets), mais la contrepartie est qu’aucun salarié n’aura à payer d’impôt pour ce véhicule. C’est idéal pour un véhicule de service ponctuel. Veillez toutefois à ce que les conditions restent respectées dans la durée (pas de dérive vers un usage par une seule personne).

5. Demander une contribution de l’employé le cas échéant. Si un salarié tient absolument à une voiture plus chère ou souhaite bénéficier d’un avantage en nature tout en réduisant son imposition, il peut payer volontairement une part. Deux options : (a) Contribution initiale à l’achat – un employé peut verser jusqu’à £5 000 lors de la mise à disposition de la voiture (par ex. pour une option luxe qu’il souhaite) ; ceci vient en déduction du prix et donc réduit la base du BIK. (b) Paiement pour usage privé – l’employeur peut facturer à l’employé un montant mensuel ou annuel pour avoir le droit d’utiliser la voiture hors travail. Tant que ce paiement est contractuel et effectué dans l’année, HMRC autorise à le déduire du bénéfice imposable. Au final, l’employé paie directement une partie du coût de la voiture, mais économise de l’impôt, et l’employeur voit sa charge NIC diminuer d’autant. Cette stratégie peut être gagnant-gagnant si le salarié a les moyens de participer.

6. Bien gérer les temps partiels et absences. Rappelons qu’une voiture indisponible plus de 30 jours consécutifs pour un employé peut voir son avantage proratisé. Si un salarié part en congé non rémunéré prolongé, ou si la voiture est immobilisée en réparation un long moment, pensez à documenter ces périodes. En pratique, il peut être judicieux de reprendre la voiture pendant une absence prolongée (et ne pas la laisser “disponible” à l’employé) pour bénéficier de la réduction au prorata. L’entreprise peut ainsi réattribuer temporairement le véhicule ou le garder sur site. Vérifiez aussi qu’en cas de changement de salarié en cours d’année, vous répartissez correctement le BIK entre les deux (chaque utilisateur doit avoir un P11D pour la période correspondante).

7. Valoriser les alternatives non imposables. Pour réduire la facture fiscale globale, l’employeur peut chercher à offrir des avantages non taxables plutôt que des BIK imposés. Par exemple : un forfait de déplacement professionnel (remboursement au barème HMRC des miles parcourus avec la voiture perso) est exempt de taxes et peut parfois remplacer avantageusement une voiture de fonction (voir ci-dessous). De même, plutôt que d’offrir un abonnement téléphonique personnel (taxable), fournissez un téléphone de service sur contrat entreprise (exonéré). Offrez des “trivial benefits” – cadeaux, bons d’achat ≤ £50, panier de Noël – en utilisant l’exonération, au lieu de primes équivalentes soumises à impôt. Ces arbitrages n’empêchent pas d’octroyer des avantages attractifs, mais permettent de minimiser les charges pour tout le monde en respectant la législation.

Astuce : un forfait de déplacement professionnel (remboursement au barème HMRC des miles parcourus avec la voiture perso) est exempt de taxes et peut parfois remplacer avantageusement une voiture de fonction. En 2025/26, les taux de remboursement HMRC (“Approved Mileage Allowance Payments”) sont de 45 p/mile pour les 10 000 premiers miles parcourus dans l’année, puis 25 p/mile au-delà ; pour les passagers transportés dans un cadre professionnel, un supplément de 5 p/mile est autorisé. Ce système est souvent plus intéressant qu’une voiture de fonction pour plusieurs raisons :

• Aucun impôt ni cotisation n’est dû tant que les remboursements respectent le barème HMRC ;
• Pas de Benefit in Kind (BIK) à déclarer : le véhicule reste personnel;
• Souplesse financière : l’entreprise n’a pas à gérer les coûts ni les formalités liés à une flotte ;
• Avantage pour l'employé : pour ceux qui roulent peu, le coût global (impôt + assurance + amortissement) est souvent inférieur à celui d’une voiture de fonction fortement taxée.

En pratique, ce mode de remboursement optimise la fiscalité tout en réduisant la charge administrative et les risques de requalification par HMRC.

Erreurs fréquentes à éviter

Pour terminer, voici quelques pièges et erreurs courantes liés aux BIK (et particulièrement aux voitures) qui peuvent coûter cher en redressements ou pénalités, et qu’il convient d’éviter :

  • Considérer à tort un véhicule comme “pool car”. Déclarer qu’une voiture est exemptée en tant que pooled car alors qu’en réalité un seul salarié l’utilise régulièrement (ou qu’elle rentre souvent chez un employé la nuit) est une erreur classique. HMRC est vigilant : si un seul des critères du pool car n’est pas respecté, l’exonération totale tombe. L’avantage en nature sera alors recalculé pour chaque utilisateur et rétroactivement imposé, avec intérêts et possiblement des amendes. À éviter : ne pas documenter l’utilisation partagée, ou laisser un pool car dériver en voiture attitrée officieuse.
  • Oublier de déclarer un BIK ou rater les délais. Par négligence ou manque d’information, certaines entreprises omettent de reporter un avantage sur la déclaration P11D (par exemple un abonnement pro payé pour un salarié, ou un cadeau important). HMRC croise de plus en plus les données (comptabilité, paie, comptes de frais) et peut détecter ces oublis. De même, dépasser la date du 6 juillet pour l’envoi des P11D/P11D(b) expose l’employeur à des pénalités par formulaire en retard. Un contrôle fiscal découvrant des BIK non déclarés peut requalifier cela en benefits cachés, avec redressement de l’impôt, des Class 1A NIC arriérées et pénalités pour erreur. Astuce : établir un calendrier interne de recensement des avantages en nature en fin d’année fiscale, et s’y tenir strictement.
  • Ne pas prendre en compte les contributions des salariés. Si un employé paie une partie d’un avantage (ex: il rembourse tout son carburant privé, ou verse £100/mois pour sa voiture de fonction haut de gamme, ou paye un loyer pour le logement de fonction), assurez-vous de déduire correctement ces montants de la valeur imposable déclarée. Il serait dommage de surpayer de l’impôt parce qu’on a oublié de retrancher une contribution volontaire de l’employé – ou pire, de payer deux fois (ex: l’employé paye déjà une partie sur son net et est imposé plein pot faute de mention sur le P11D). Documentez ces contributions sur les fiches de paie ou dans les accords, et reflétez-les dans le calcul du BIK. HMRC permet ces déductions à condition qu’elles soient clairement identifiées et versées avant le 6 juillet suivant l’année en question.
  • Sous-estimer la valeur taxable d’une voiture. Une erreur commune consiste à ne pas inclure certains éléments dans le prix P11D de la voiture. Rappelez-vous que toutes les options et accessoires non strictement nécessaires au travail doivent être comptés. Par exemple, des jantes alliage, la climatisation bi-zone, un toit ouvrant installés sur demande du salarié augmentent la list price pour le calcul de l’avantage. Seuls sont exclus les équipements obligatoires (ex: gyrophares pour un véhicule d’urgence) ou destinés à l’usage des personnes handicapées. De même, si l’employé change de voiture en cours d’année, on doit calculer séparément chaque véhicule. Erreur à éviter : penser que le BIK se base sur le coût réel pour l’entreprise – non, même une voiture achetée d’occasion par l’employeur est taxée sur son prix neuf catalogue d’origine. Il faut donc bien se référer aux données constructeurs.
  • Offrir le fuel benefit par habitude. Certaines entreprises offrent encore systématiquement la carte carburant illimitée avec la voiture de fonction. Ce “perk” était apprécié quand l’essence était bon marché, mais avec le niveau des forfaits fuel benefit (28 200 £), il est devenu très coûteux fiscalement. Sauf gros rouleurs privés, c’est généralement une erreur d’opter pour le fuel benefit. L’entreprise y paie 15% de NIC sur £28 200 (soit ~£4 230) et l’employé paie jusqu’à 45% d’impôt sur ce même montant (selon sa tranche) – tout ça parfois pour quelques pleins d’essence. À éviter : reconduire ce bénéfice sans analyse. Mieux vaut le convertir en remboursement de frais réel ou en bonus fléché carburant (qui serait imposé différemment) si on veut maintenir un avantage.
  • Confondre dépenses pro et avantages perso. Dernier écueil, bien distinguer ce qui relève de l’entreprise de ce qui profite au salarié. Par exemple, rembourser un hôtel et un repas lors d’une mission est une dépense professionnelle non taxable. Mais rembourser le parking de l’employé à son bureau ou son abonnement de transport domicile-travail, c’est un avantage imposable (car le trajet domicile-travail est considéré privé). De même, payer la cotisation à un club de sport ou offrir un cadeau de valeur >£50 est imposable, sauf cadre particulier. Erreur fréquente : supposer qu’une petite dépense n’a pas besoin d’être déclarée – en réalité, hors trivial benefit <£50, toute prise en charge d’une dépense personnelle doit être traitée en paie ou en P11D. En cas de doute, consultez l’A-to-Z de HMRC pour vérifier le statut d’un avantage.

En conclusion, les Benefits in Kind sont un outil de rémunération attractif pour les employés, mais ils comportent des obligations fiscales spécifiques pour l’entreprise. Une bonne connaissance des règles – notamment des taux en vigueur, des seuils d’exonération et des modalités déclaratives – est indispensable pour en faire un usage optimal. En adoptant un ton résolument pratique, nous avons vu qu’il est possible de maximiser le bénéfice pour le salarié tout en minimisant la charge fiscale pour chacun, via le choix judicieux des avantages (exonérés de préférence), le respect scrupuleux des conditions HMRC, et une gestion administrative rigoureuse (déclarations dans les délais, preuves à l’appui). Les sources officielles comme HMRC (notamment les guides en ligne et le manuel 480), ainsi que les conseils de spécialistes, sont là pour vous y aider. En cas de doute, n’hésitez pas à solliciter un avis fiscal professionnel – mieux vaut prévenir que guérir en matière de Benefits in Kind !

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Franck Sidon

With over 15 years of experience as a Managing Director at TaxAssist Accountants, I have helped thousands of businesses and individuals achieve their financial goals and optimize their tax efficiency.